Deux amis, deux points charnières. Tandis que le jeune Brahms embrasse pleinement la vie et le métier d’artiste, avec Schumann comme vif supporter, ce dernier est de plus en plus accablé par des accès de démence, avec Brahms comme soucieux spectateur. Quelques semaines après la tentative de suicide de Schumann en 1853, Brahms écrit les premières notes de ce qui va devenir son premier concerto pour piano. Les mesures agitées d’ouverture font-elles écho aux difficultés de Schumann ? Le pianiste Lucas Blondeel engage avec l’orchestre un dialogue tumultueux mais en même temps extrêmement raffiné. Il joue sur un piano historique fabriqué en 1856 par Julius Blüthner, instrument qui permet de trouver de manière extrêmement précise l’équilibre avec l’orchestre. La quatrième symphonie de Schumann, composée en 1841, revue en 1851, témoigne de l’énergie insouciante, remuante, si propre à Schumann en de meilleurs temps. Le chef d’orchestre Bart van Reyn, l’une des quatre nouvelles voix artistiques d’Anima Eterna, fait ses débuts dans l’équipe avec ce programme. Un grand répertoire qui entre ses mains et grâce aux recherches continues des musiciens d’Anima peut de nouveau entièrement faire peau neuve.
« Avec Anima Eterna, en partant des instruments historiques, j’ai la chance de pouvoir explorer pas à pas l’histoire de la musique jusqu’au vingtième siècle. Je vois cela comme un trajet calme, me permettant de prendre le temps de ressentir physiquement cette évolution. »
Plus tard dans la soirée, Lucas Blondel et Marianne Beate Kielland, mezzo-soprano, animent une intime afterparty. Au programme, Frauenliebe und -leben de Schumann. Lucas Blondel joue une copie d’un piano de Conrad Graf datée de 1825. Ce piano n’a pas été choisi au hasard : il s’agit précisément de l’instrument que Brahms avait dans son studio de travail. Etait-ce un cadeau de Schumann ?