Tout Ravel

Hélas, cette production a dû être annulée suite au mesures sanitaires prises par le gouvernement dans le cadre de la crise du coronavirus

Jouer la musique de Ravel sur instruments d’époque ? Ah ! Ah ! Ah ! Quelle hérésie, les instruments historiques sont pour la musique ancienne ! Pourtant, à la fin du 18e siècle, l’Academy of Ancient Music jouait principalement la musique de Haendel. Cela signifie que les gens de cette époque considéraient la musique datée de 50 ans comme étant déjà de la musique ancienne. Bon, alors, notons premièrement que la plupart des œuvres jouées dans le présent programme datent d’il y a plus de 100 ans ! Ensuite, constatons que le style de l’époque de Ravel diffère fondamentalement de « notre » style. Cela suffit pour qu’on désire se mettre à la recherche d’un « autre » Ravel. Si l’on en croit les propos de Poulenc : « Un compositeur se laisse influencer par son piano » et « Ravel composait sur un vieil Érard ». Hélène Jourdan-Morhange, une de ses amies et partenaires de musique de chambre, écrivait en 1953 qu’on était en train de perdre « la tradition ravélienne ». Ravel a composé pour des instruments français, au timbre très caractéristique. Dans son Boléro, ils sont tous, tour à tour, présentés. Le Boléro a donc été placé en début de programme ! Toute notre attention s’est également portée sur les tempi de Ravel (« C’est une usine qui inspira mon Boléro »). Ou bien préférez-vous l’exotisme de Shéhérazade ? La Valse, certainement pas viennoise, vomit les traumatismes subis durant la première guerre mondiale. Ravel considérait sa Rhapsodie espagnole comme une expérience d’orchestration. Dans la Pavane, on entend le « cor simple », ou cor naturel, comme on l’aimait alors et comme il était enseigné à Paris. On se laisse enfin abasourdir par le Concerto pour la main gauche joué par Frank Braley, naturellement sur un piano Érard de 1899, construit lorsque Ravel avait 24 ans.

Jos van Immerseel

Traduction par Clémence Comte