Bizet & Saint-Saëns

Suite aux mesures pour contenir la propagation du coronavirus, ce concert est annulé. 

La troisième symphonie de Saint-Saëns est une œuvre magistrale. Selon Liszt, cette œuvre est la meilleure symphonie qui a été et ne sera jamais écrite. Peut-être avait-il raison ! Le compositeur était lui-même organiste (à La Madeleine) et a intégré l’orgue à la symphonie, non pas de manière concertante mais comme instrument d’orchestre. Cette symphonie est rarement exécutée comme elle propose de l’être. D’une part, dans les salles de concert, la plupart des orgues Cavaillé-Coll de cette époque ont été transformés ou ont disparu, d’autre part l’esthétique des instruments plus récents installés dans les salles de concert est très éloignée de celle de l’orgue symphonique français. Il existe toutefois une solution permettant de faire sonner un orgue Cavaillé-Coll complet avec l’orchestre, parfaitement accordé, tout en conservant la justesse des timbres et de la dynamique. Par orgue, nous voulons dire ici grand orgue mais aussi miracle ingénieux permettant aux timbres de chaque tuyau d’être enregistrés individuellement au moyen de l’électronique. Anima a déjà travaillé au cours de diverses productions avec la merveilleuse claveciniste et organiste Katarzina Chrobokova. Si elle défend le « désir d’authenticité », elle choisit également résolument l’utilisation d’un orgue « Hauptwerk » pour la symphonie de Saint-Saëns. Un des orgues français les mieux conservés (1885), le Cavaillé-Coll de l’Abbatiale St Etienne de Caen, sonne donc ici avec Anima Eterna.

Méfiance ? Chaque mélomane écoute volontiers des CD électroniques. Ici, il s’agit d’autre chose. Pendant le concert, nous travaillons avec une installation professionnelle et des haut-parleurs de premier plan capables de rendre correctement le son d’un orgue symphonique. Puisqu’il n’est pas possible de jouer cette œuvre dans une église française avec un beau Cavaillé-Coll, cette solution permet mieux de rendre le son original de l’instrument et donc la couleur originale de l’œuvre que ce que permettrait l’utilisation d’un autre type d’orgue inadapté. Saint-Saëns a écrit à propos de cette symphonie : « J’ai donné là tout ce que je pouvais donner ».

Jos van Immerseel

Traduction par Clémence Comte